Ena valea d’Usto, en Naut Coserans (Arièja), entram eths vilatges de Sèish e deth Trenh, que trobaratz era capèra de Sent Líser d’Usto, ath cance dera rota de ara e deth camin vielh. Ja é un edifici plan simple, on figura cap que ua inscripcion sus un tròç de marme, dam era data de 1770 : « Ara glòria de Diu e en aunor de sent Líser ».
Abans aqueth sanctuari, qu’existava, a pena mès enlà, ua hont que tirava abonde. Que l’aperam era Hont Senta pr’amor, d’après era legenda, Líser (que non èra cap encara sent), originari dera Peninsula Iberica, que i vivec ath sègle VIau e que’s moric eth an 548, qu’arribèc d’Espanha peth pòrt d’Usto, mòrt de set e ensucat pera calor deth estiu. Que’s triguèc en aqueth lòc, ath cance deth camin, e que plantèc eth sièu bròc de peregrin en tèrra. Autanlèu, ua hont cauda e abondosa que sortic de tèrra, agidessa que permetec ath prelat de virà’s era set e d’arribar ath sièu avescat. Era novèla dera aparicion dera hont que’s sabec lèu per tot eth país.
Avant 1770, la source miraculeuse était déjà vénérée par la population du Haut-Couserans, et aussi par celle du Pallars, de l’autre côté des Pyrénées. En 1665, l’Evêque du Couserans, Bernard IV de Marmiesse, édicta des mesures pour ordonner les processions et cérémonies qui avaient lieu à la Font-Sainte. En Catalogne, dans le Haut-Pallars, il existe des preuves de la popularité de la Font-Sainte d’Ustou à peu près à la même époque. Le frère et voyageur Narcís Camós publie en 1657 un livre sur les sanctuaires mariaux de Catalogne, et parlant de Sainte-Marie d’Àneu, il dit : “Vers elle convergent en procession les paroissiens de cette vallée quand ils ont besoin d’eau ; ils vont chercher de l’eau à Esterri, qui provient de sous l’autel de Saint-Lizier dans l’évêché de Couserans en France, et ensuite ils répandent cette eau aux quatre vents, dans la maison même de Notre Dame, après avoir célébré un office solennel, et c’est une méthode qui a fait ses preuves, d’après ce qu’ils prétendent. »
Ce souvenir de la source et la foi dans ses bienfaits pour invoquer la pluie dans le Pallars, quand la sécheresse ruinait le pays, ont continué jusqu’au XXe siècle dans les vallées d’Àneu et de Cardós, voisines d’Ustou, mais sans la participation de l’Eglise et de ses prêtres. Violant i Simorra, le grand chercheur qui s’est consacré à la culture populaire du Pallars, a recueilli de la bouche d’un informateur en 1946 : « Tout homme qui allait chercher de l’eau à la source devait le faire clandestinement, parce que si les Français le surprenaient, ils le châtieraient, car ils disaient qu’il ferait tomber la grêle sur leur pays ; alors il emportait de l’eau de cette source et quand il arrivait à Cardós il la jetait dans une source de la Ribera, et comme ça il faisait pleuvoir ; mais on dit que quand il pleut comme ça, ils tombent des grêlons en Couserans, c’est pour ça qu’il faut se cacher. On trouve la même croyance dans la vallée d’Àneu. »
Dans le village d’Isil, la croyance était encore forte dans les années 1930, lorsque Francesc Gallart, un jeune homme âgé de 22 ou 23 ans (interviewé par l’Ecomuseu de los Valls d’Àneu dans les années 1990), fut chargé en 1933 d’aller chercher de l’eau de la fontaine de Saint-Lizier d’Ustou. Toujours en se cachant des voisins français, au retour il jeta un peu d’eau sur le sol après avoir traversé la frontière : « Cette année-là, il a plu, il y avait encore deux heures pour se rendre au village là-bas à mi-hauteur des montagnes et il s’est mis à pleuvoir et nous étions trempés, la langue la plus sèche. »
Toujours dans les années 1940, pendant la guerre, alors que la frontière était fermée, le maire d’Isil, désireux de mettre fin à une autre sécheresse estivale, demanda à Petit, contrebandier notoire d’Isil, de lui apporter de l’eau de la Font-Sainte. Grâce à plusieurs membres des réseaux alliés d’évasion et d’espionnage, dont Petit faisait également partie, on finit par apporter au maire franquiste une bouteille remplie d’eau du Salat, la rivière du Couserans.
Outre les eaux de la Font-Sainte, cet endroit abrite aussi, à une cinquantaine de mètres au-dessus de la route, plusieurs grottes, avec de petites entrées invisibles entre les rochers et les buis. Certaines ont été explorées à la fin du XIXe siècle par le pionnier de la spéléologie pyrénéenne, Félix Garrigou. On raconte qu’il y a trouvé des objets préhistoriques et des pièces romaines. C’est peut-être une autre légende. Peut-être existait-il déjà des lieux de culte avant la christianisation ?
Après l’exploration, ces grottes, remplies de stalactites et de colonnes de calcite, ont été pillées pour décorer la buvette des thermes d’Aulus-les-Bains, de l’autre côté de la vallée d’Ustou.